L’appel d’Abram  Culte du 18 février 2018

 

Notes de prédication

  1. Introduction

Bonjour à tous,

C’est avec joie que je vous annonce le début de notre nouvelle série de prédications. En effet, dans nos prochaines prédications, Jean-René et moi, nous vous proposons d’explorer la vie d’un personnage tout à fait fascinant de l’Ancien Testament. Un certain prénommé Abram ou Abraham. Je vous propose aujourd’hui de découvrir ou de redécouvrir le début de son histoire. Et en préparant cette prédication, j’ai été tout à nouveau étonnée de voir à quel point son vécu pouvait encore nous parler pour aujourd’hui. Je trouve, en effet, qu’il est un grand exemple dans sa vie de foi et dans sa confiance en Dieu.
Sans plus tarder, je vous propose de lire :

  1. Texte : Gn 12.1-9 (BFC)

1 Le Seigneur dit à Abram : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père et va dans le pays que je te montrerai. 2 Je ferai naître de toi une grande nation ; je te bénirai et je rendrai ton nom célèbre. Tu seras une bénédiction pour les autres. 3 Je bénirai ceux qui te béniront, mais je maudirai ceux qui te maudiront. A travers toi, je bénirai toutes les nations de la terre. »
4 Abram, qui était âgé de soixante-quinze ans, quitta Haran comme le lui ordonnait le Seigneur. Loth partit avec lui. 5 Abram prit donc avec lui sa femme Saraï et son neveu Loth ; ils emportaient toutes leurs richesses et emmenaient les esclaves achetés à Haran. Ils se dirigèrent vers le pays de Canaan. Lorsqu’ils arrivèrent au pays de Canaan, 6 ils le traversèrent jusqu’au chêne sacré de Moré, à Sichem. — A cette époque, les Cananéens habitaient la région. —
7 Le Seigneur apparut à Abram et lui dit : « Je donnerai ce pays à ta descendance. » Abram construisit un autel au Seigneur à l’endroit où il lui était apparu.
8 De là, il passa dans la région montagneuse, à l’est de Béthel ; il installa son camp entre la ville de Béthel, à l’ouest, et celle d’Aï, à l’est. Il y construisit un autre autel et il pria Dieu en l’appelant “Seigneur.” 9 Puis de campement en campement, Abram prit la direction du Néguev.

  1. Contexte

Avant de nous attaquer au texte lui-même, je voudrais vous donner quelques éléments de contexte. L’appel d’Abram représente, en effet, un tournant dans l’histoire biblique. Elle représente le passage de l’histoire « générale » du monde à l’histoire « particulière » d’une famille. Dans Genèse 1-11, nous assistons tout d’abord à la création du monde. Dieu crée un monde parfait dans lequel l’homme est en relation harmonieuse avec Dieu. Mais peu après l’homme se révolte et brise cette relation. C’est ce qu’on appelle couramment « la chute ». À partir de ce moment, les choses se gâtent. Dans les chapitres 3 à 11 de la Genèse, nous assistons, si je puis dire, à la propagation du péché et de ses conséquences. La relation avec Dieu est brisée, la relation entre l’homme et la femme perturbée, le travail devient pénible. Un chapitre plus tard, arrive le premier meurtre, puis la multiplication de la violence, et ainsi de suite. En parallèle de cela, nous pouvons voir Dieu qui continue à soutenir sa création. Mais inévitablement, on se pose la question : Comment l’histoire va-t-elle continuer ? Est-ce que ça va juste aller de mal en pis ? C’est là qu’arrive Genèse 12. Nous y voyons Dieu, qui appelle un homme et qui lui donne une promesse, et nous voyons cet homme qui obéit et se met en route.

  1. L’appel d’Abram

Comme dit, tout commence par l’appel de Dieu. « Le Seigneur dit à Abram : ». C’est Dieu qui prend l’initiative. À ce moment là de l’histoire, nous ne savons rien d’Abram à part la famille à laquelle il appartient et son lieu d’origine. Il n’a pas de mérite particulier, mais Dieu l’a choisi pour accomplir son plan.
Donc voilà Dieu qui adresse la parole à Abram et qui lui dit : « Quitte, quitte ton pays et ta famille, et va dans un pays que je te montrerai ». En gros : « Quitte tous ce que tu connais, laisse là ta ville, ton pays, ton père et va, va vers l’inconnu. Je te monterai en temps voulu. » C’est pour le moins flou. Mais Dieu ne s’arrête pas là. Il ne dit pas seulement à Abram : « quitte et va vers l’inconnu. » Il lui adresse une promesse. Les prochains pas sont peut-être peu clairs, le pays inconnu, mais le but final est clairement présenté. Dieu dit à Abram :
« Je ferai naître de toi une grande nation ; je te bénirai et je rendrai ton nom célèbre. Tu seras une bénédiction pour les autres. 3 Je bénirai ceux qui te béniront, mais je maudirai ceux qui te maudiront. À travers toi, je bénirai toutes les nations de la terre. »
Abram est appelé à quitter ce qu’il connait pour se mettre en route sur un chemin qui, en grande partie, lui est encore caché. Mais le but final de ce chemin, il le connait. Il le connait parce que Dieu lui a adressé une promesse. De lui naitra une grande nation, Dieu rendra son nom célèbre, il sera une bénédiction pour les autres et plus encore que tout cela, Dieu bénira toutes les nations de la terre à travers Abram. Je pense qu’ici on voit quelque chose de très important. J’ai dit précédemment que, avec Genèse 12, nous quittions l’histoire générale du monde pour nous intéresser à l’histoire d’un homme et de sa descendance. Et c’est vrai, mais Dieu n’a pas pour autant perdu le monde de vue. S’il appelle Abram, ce n’est pas pour abandonner le reste, mais c’est pour bénir toutes les nations de la terre à travers Abram. C’est fondamental, Dieu ne s’est jamais désintéressé de l’humanité dans son entier. Le jour de son appel, Abram ne pouvait savoir de quelle manière cette promesse se réaliserait, et même au jour de sa mort, il n’en a pas vraiment vu l’accomplissement. Mais nous, aujourd’hui, nous savons. Nous connaissons le descendant d’Abram dans lequel toutes les nations de la terre sont bénies. Deux millénaires plus tard, dans le pays que Dieu avait promis de donner à la descendance d’Abram, est né Jésus-Christ, descendant d’Abram et Fils de Dieu. Il est venu pour régler le problème dont j’ai parlé au début. Le problème du péché et de ses conséquences. Le problème de la relation brisée entre Dieu et les hommes. Il va mourir à notre place pour que nous puissions entrer dans une relation restaurée avec Dieu et il ressuscitera trois jours plus tard. Jésus promet que tous ceux qui placeront leur foi en lui passeront l’éternité avec Dieu. Depuis, des gens de toutes les nations y ont cru et sont richement bénis en lui. Voilà l’accomplissement plein et entier de la promesse faite à Abram. Voilà pourquoi Dieu a pris l’initiative de l’appeler, lui a dit de quitter son pays et de se mettre en route. Et nous sommes aujourd’hui au bénéfice de cela.
Bien sûr, Abram ne savait pas tout cela au moment où Dieu l’a appelé. Mais il a cru à la promesse de Dieu et il s’est mis en route.

  1. Pourquoi part-il ?

Pour ceux qui connaissent bien l’histoire d’Abram, ça peut sembler normal. On a pris l’habitude, le récit ne nous surprend plus. Ben oui, un jour Dieu a parlé à Abram et Abram a tout laissé et est parti pour un pays inconnu, bien sûr, c’est normal. Ou peut-être pas. On pourrait légitimement se demander : Mais pourquoi est-ce qu’il part? Ça semble un peu fou, et en regardant de près, c’est peut-être encore plus fou que ce que nous aurions pensé. Abram était très probablement quelqu’un de riche. Il devait mener une vie confortable en Mésopotamie. Il faisait partie de la classe aisée d’une région qui était à la pointe du développement de l’époque. Pourquoi quitter cette belle vie pour devenir nomade dans une région moins développée que la sienne ? Vous me direz : « Oui, mais il avait une magnifique promesse. Devenir une grande nation et recevoir son propre pays, c’est motivant. » Certes, je vous ai dit qu’on ne savait que peu de choses sur Abram avant Genèse 12.1, mais on sait une chose. On sait que sa femme est stérile (Gn 11.30) et qu’il a déjà un certain âge. Devenir une grande nation, ça semble bien joli, mais c’est plutôt mal parti et en plus, la terre que Dieu promet de lui donner est occupée par les Cananéens.
Donc voilà Abram qui quitte sa vie agréable pour une vie de nomade avec la promesse d’une descendance alors que sa femme est stérile et d’un pays d’abord inconnu qui s’avère être déjà occupé.
Si Abram avait regardé en arrière à ce qu’il laissait, partir aurait semblé fou. S’il avait regardé à lui-même pour l’accomplissement de la promesse, ça aurait semblé désespéré. Mais Abram n’a pas regardé en arrière, il a regardé en avant vers ce qui était promis. Et il n’a pas regardé à lui-même, il a regardé à Dieu qui peut toute chose. Et là, tout d’un coup, se mettre en route vers ce que Dieu – Créateur tout-puissant de l’univers – a promis, devient la seule choses raisonnable à faire.


Abram avait reçu une magnifique promesse de la part de Dieu, une promesse qui déboucherait sur une bénédiction pour toutes les nations de la terre. Il y a cru et c’est pourquoi il s’est mis en route.
C’est une idée qui est aussi reprise par l’auteur de l’épitre aux Hébreux et je voudrais vous lire Hébreux 11.8-10, 13-16 (BFC):

8 Par la foi, Abraham obéit quand Dieu l’appela : il partit pour un pays que Dieu allait lui donner en possession. Il partit sans savoir où il allait.
9 Par la foi, il vécut comme un étranger dans le pays que Dieu lui avait promis. Il habita sous la tente, ainsi qu’Isaac et Jacob, qui reçurent la même promesse de Dieu.
10 Car Abraham attendait la cité qui a de solides fondations, celle dont Dieu est l’architecte et le constructeur.

[…]

13 C’est dans la foi que tous ces hommes sont morts. Ils n’ont pas reçu les biens que Dieu avait promis, mais ils les ont vus et salués de loin. Ils ont ouvertement reconnu qu’ils étaient des étrangers et des exilés sur la terre.
14 Ceux qui parlent ainsi montrent clairement qu’ils recherchent une patrie.
15 S’ils avaient pensé avec regret au pays qu’ils avaient quitté, ils auraient eu l’occasion d’y retourner.
16 En réalité, ils désiraient une patrie meilleure, c’est-à-dire la patrie céleste. C’est pourquoi Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu ; en effet, il leur a préparé une cité.

C’est par la foi qu’Abraham est parti sans savoir où il allait et qu’il a vécu en tant que nomade dans le pays qui lui était promis. C’est dans la foi qu’il est mort, sans avoir reçu ce que Dieu avait promis, mais en l’ayant vu de loin. Cela ne veut pas dire que Dieu n’a pas tenu parole, loin de là, mais Abraham n’a vu que le petit commencement d’un accomplissement bien plus grand. Abraham a vu le pays mais il ne l’a pas possédé. Il a vu son fils, mais il n’a pas vu la grande nation qui était promise. Il a été une bénédiction pour d’autres, mais il n’a pas vu Jésus-Christ, dans lequel toutes les nations de la terre sont bénies.
Si Abraham n’avait regardé qu’à lui-même, à sa vie terrestre et n’avait considéré les choses qu’à l’échelle de sa propre vie, alors il aurait certainement dû conclure que le jeu n’en valait pas la chandelle. Mais Abraham a regardé bien au-delà de sa propre existence. Il se savait faire partie d’une histoire qui dépassait largement sa propre vie. Abraham a vécu en ayant la ferme assurance que les promesses de Dieu se réaliseraient même si l’accomplissement complet n’arriverait pas de son vivant. Cela ne signifie pas qu’il n’a pas eu des moments de doute. Bien au contraire, et nous le verront encore dans la suite de l’histoire. Mais à la fin, la foi l’a emporté.
La vie d’Abraham est une sorte de démonstration des choses qu’il espérait sans pouvoir les voir. Il a vécu comme voyageur et exilé sur la terre parce qu’il attendait une patrie céleste. La patrie qui a de solides fondements et qui restera dans l’éternité parce que c’est Dieu qui la construit.
En quelque sorte, nous pouvons dire qu’Abraham a orienté toute sa vie selon la promesse de Dieu et l’attente de cette cité. Ça n’a pas nécessairement été une vie facile, mais avec un peu de recul, nous pouvons voir que ça en a largement valu la peine. La fin du passage d’Hébreux est d’ailleurs très belle :
C’est pourquoi Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu ; en effet, il leur a préparé une cité.

  1. Nous aujourd’hui

Que retenir de tous cela pour nous aujourd’hui ? Nous vivons dans des temps bien différents de ceux d’Abraham et en même temps, peut-être que notre vécu n’est pas si différent du sien.

Tout d’abord, nous vivons dans un temps différent de celui d’Abraham. En effet, Abraham a vécu bien avant l’accomplissement plein et entier de la promesse qu’il avait reçue. Nous, par contre, nous vivons 2000 ans après cet accomplissement. Nous savons aujourd’hui qu’, en Jésus-Christ, Fils de Dieu et descendant d’Abraham, toutes les nations de la terre sont bénies. Et puisque nous avons vu l’accomplissement de cette promesse, nous avons d’autant plus de raisons qu’Abraham de croire que Dieu accomplit ce qu’il promet.

En même temps, notre vécu n’est pas si différent de celui d’Abraham. Il vivait dans l’attente de la patrie céleste et de l’accomplissement des promesses de Dieu. Nous aussi nous vivons dans cette attente. Jésus, après sa résurrection, est monté au ciel, mais il a promis de revenir. Il a promis que, à ce moment-là, tous ceux qui ont placé leur foi en lui et en ce qu’il a fait, passeraient l’éternité avec Dieu dans un monde entièrement restauré. Un monde, où nous vivrons en parfaite communion avec Dieu et les uns avec les autres, un monde où tout mal, toute souffrance, toute violence et toute peine aura disparu. Un monde où la paix et l’amour régneront. C’est dans l’attente de cette patrie céleste, de l’accomplissement de cette promesse, que nous vivons.
Tout comme Abraham était voyageur et exilé sur cette terre, nous le sommes aussi, parce que notre vraie patrie n’est pas ici. Nous sommes,
si je puis dire, citoyens du ciel. Tout comme Abraham a orienté toute sa vie par rapport à la patrie céleste qu’il attendait, nous aussi nous sommes appelés à vivre en citoyens de notre vraie patrie. Nous sommes appelés à nous y attacher davantage qu’à noter patrie terrestre parce que nous savons que la cité que Dieu nous prépare est éternelle. Nous sommes appelés à vivre aujourd’hui déjà selon les valeurs de cette cité. Nous sommes appelés à aimer Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme et de toute notre pensée et d’aimer notre prochain comme nous-mêmes (cf. Mt 22.37-39), nous sommes appelés à être une bénédiction pour les autres, à ne pas rendre le mal pour le mal mais à faire le bien. Nous sommes appelés à être généreux, ainsi de suite. Ne me comprenez pas mal, il ne s’agit pas de nous couper du reste du monde, bien au contraire. Mais c’est en vivant en tant que citoyens de cette patrie céleste que nous pourrons réellement être des témoins de l’amour de Dieu et de l’espérance que nous avons pour les gens qui nous entourent.

  1. Conclusion

 

Vivre en tant que voyageurs et exilés sur terre n’est pas toujours évident. La vie de citoyen du ciel n’est pas toujours facile, elle peut même sembler un peu folle par moment. Abraham a quitté une vie agréable pour devenir nomade dans un pays que ses descendants posséderaient un jour. Nous ne seront pas appelés à faire exactement cela, je pense. Mais aimer Dieu de tout notre être et notre prochain comme nous-mêmes peut nous coûter quelque chose. Et ce n’est pas toujours facile de vivre selon les valeurs de la patrie céleste, valeurs qui peuvent parfois être très différentes de celles du monde qui nous entoure. Mais tout comme Abraham n’a pas regardé à lui-même mais à Dieu, nous aussi nous sommes appelés à regarder à Jésus-Christ. Jésus-Christ qui a promis de revenir un jour. Jésus-Christ qui a aussi promis d’être avec nous tous les jours de notre vie et de nous aider. De plus, tout comme Abraham ne connaissait pas chaque pas sur son chemin, mais savait quel était le but final de son appel, nous aussi, nous ne pouvons pas savoir tous ce que la vie nous réserve, mais nous pouvons avoir la ferme assurance que Jésus est avec nous et qu’un jour nous passerons l’éternité avec lui. Entre temps, nous sommes appelés à vivre comme témoins de cette cité que Dieu construit.
Je voudrais nous encourager à vivre en tant que citoyens de la cité céleste dont Dieu est l’architecte et le constructeur, en sachant que, même si ce n’est pas toujours facile, une vie vécu
e dans la foi en Dieu et en ses promesses, vaudra toujours la peine.
Que Dieu nous aide à marcher sur ce chemin.