Être disciple, d’accord, mais à quel prix ? (Luc 9.57-62)

 

Notes

Introduction

Aujourd’hui je me trouve face au défi de vous parler de certains aspects défiant de la vie de disciple. Être disciple, d’accord, mais à quel prix ?
Et j’aimerais introduire ça par un témoignage personnel, un moment où Dieu m’a interpellé
e par rapport à mes priorités et ma manière de vivre ma vie. J’étais en Roumanie en été 2012 pour aider la Ligue pour la Lecture de la Bible et c’est la première fois de ma vie que j’ai vu des personnes qui vivaient dans la pauvreté. Ça m’a beaucoup interrogé sur ma propre vie. J’étais étudiante en chimie et je rêvais d’une brillante carrière parsemée de découvertes incroyables. Dieu a utilisé ces moments en Roumanie pour m’interpeller sur mes priorités. Il m’a demandé : Qu’est-ce qui est le plus important pour toi, tes projets de carrière ou moi ? À ce moment, j’ai dû me rendre compte que ça faisait un certain temps que je rêvais surtout de ma carrière et que j’organisais ma vie autour de cela tout en laissant quelques cases pour Dieu là où ça m’arrangeait. J’ai aussi réalisé à ce moment là que ce n’est pas à ça que devrait ressembler une vie à la suite de Jésus-Christ. Il fallait que je réponde à la question : Qu’est-ce qui est le plus important pour moi, Dieu ou mes rêves de carrière ? Rétrospectivement, je me dis que Dieu avait soigneusement préparé ce moment. J’avais vécu trop de choses avec lui pour répondre : « ma carrière », et lui tourner le dos. Cet événement à certainement été le début du chemin qui m’a mené jusqu’ici aujourd’hui.
Si je vous raconte cela, ce n’est pas pour dire que j’ai tout compris dans ce domaine, loin de là. Réévaluer ses priorités, donner la première place à Dieu, dans un certain sens c’est un défi quotidien et il y a certainement beaucoup de choses où je pourrais faire mieux. Par contre, je n’ai jamais regretté le choix que j’ai fai
t, il y a bientôt 7 ans. Même si le chemin n’a pas toujours été facile. J’aimais bien ma vie à Lausanne et j’ai été triste de la quitter. Aussi, ma famille a pris un certain temps pour comprendre et accepter mon choix. Il y a eu quelques moments tendus, même si maintenant tout cela c’est apaisé et qu’il n’y a plus de tension entre nous aujourd’hui.

Être disciple du Christ vaut absolument la peine, mais ce n’est pas pour autant chose facile à chaque instant. Entre autre, ça demande à être prêt à renoncer à certaines choses pour suivre Jésus. Et c’est de cela que parle notre texte du jour.

 

Texte Luc 9.57-62 (BFC)

57 Ils étaient en chemin, lorsqu’un homme dit à Jésus : « Je te suivrai partout où tu iras. »
58 Jésus lui dit : « Les renards ont des terriers et les oiseaux ont des nids, mais le Fils de l’homme n’a pas un endroit où il puisse se coucher et se reposer. »
59 Il dit à un autre homme : « Suis-moi. » Mais l’homme dit : « Maître, permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. »
60 Jésus lui répondit : « Laisse les morts enterrer leurs morts ; et toi, va annoncer le Royaume de Dieu. »
61 Un autre homme encore dit : « Je te suivrai, Maître, mais permets-moi d’aller d’abord dire adieu à ma famille. »
62 Jésus lui déclara : « Celui qui se met à labourer puis regarde en arrière n’est d’aucune utilité pour le Royaume de Dieu. »

Le prix du discipulat

Voici, trois candidats-disciples, trois personnes qui se retrouvent face à la question : Que suis-je prêt à laisser pour suivre le Christ ? Être disciple, d’accord, mais à quel prix ?

    1. Être disciple demande d’être prêt à renoncer à son confort et à sa sécurité

Notre premier candidat, on pourrait dire que c’est un enthousiaste. « Je te suivrai partout où tu iras. » Il propose un engagement plein et complet, sans réserve. Un top candidat, on aimerait dire, et en plus, il se porte volontaire. Même pas besoin d’aller le chercher.
Et là, Jésus répond : « Chouette super ! Bienvenu dans l’équipe, je te présente Pierre, André, Jacques et Jean, je pense que vous allez bien vous entendre. »
Pas tout à fait. Notez, il ne lui dit pas non plus : « C’est hors de question, rentre à la maison, pour qui te prends-tu ? »
Par contre, Jésus lui dit : « Est-ce que tu es conscient de ce que ça va impliquer ? Est-ce que tu as bien calculé les co
ûts ? Est-ce que tu es vraiment prêt à me suivre partout ? Parce que sache que, si les renards ont des terriers et les oiseaux des nids, eh bien le Fils de l’homme, Jésus, n’a pas d’endroit où se coucher et se reposer. »
Au premi
er abord, ce n’est pas très encourageant comme réponse. Il avait l’air motivé, notre candidat. Est-ce que c’est vraiment le moment de lui parler des aspects plus difficiles de la chose ; il s’en rendra bien compte en cours de route, non ? Mais ce que Jésus fait là est en réalité très important et très honnête. Il souhaite que cette personne s’engage en connaissance de cause. Jésus sait très bien où il va et ce qui l’attend là-bas. Il est en route pour Jérusalem et la crucifixion. Et il sait aussi que le chemin ne sera pas toujours facile. Ça ne sera pas une longue promenade parsemée de pique-niques. Partir à la suite de Jésus va impliquer un certain nombre de désagréments. À ce moment, Jésus ne peut pas offrir la sécurité et le confort qu’offre une maison. Il est en route et dépend donc de l’hospitalité des gens. Une hospitalité qui ne lui est d’ailleurs pas toujours accordée (cf. Lc 9.51-53). Pour partir à la suite de Jésus, notre candidat disciple va devoir renoncer à la sécurité et au confort qu’offre une demeure et accepter, en quelque sorte, de devenir un SDF ; de vivre au jour le jour avec ce que les gens veulent bien accorder à Jésus et ceux qui le suivent. Jésus veut s’assurer qu’il a compris cela avant de partir avec lui.

Est-ce que l’homme en question est rentré chez lui vers le confort et la sécurité de sa demeure, ou est-il parti à la suite de Jésus ? On aurait bien voulu savoir, mais le texte ne le précise pas. C’est certainement intentionnel. Au final, l’auteur veut renvoyer la question à nous lecteurs. Et nous, serions-nous prêts à laisser sécurité et confort pour suivre Jésus dans sa mission ? C’est là que le texte devient un peu plus désagréable. Cet homme anonyme finalement ça pourrait être chacun d’entre nous. Aïe.
Mais avant qu’on se dise : « Ah, il est quand même exigeant Jésus ! » Rappelons-nous qu’il ne demande rien qu’il n’aurait pas fait lui-même à un degré bien supérieur. Il a quitté le confort et la sécurité du ciel pour venir ici sur terre. Il est Dieu de toute éternité. Jamais il n’avait été menacé, jamais il n’avait manqué de quoi que ce soit. Il jouissait certainement d’une sécurité et d’un confort parfait. Mais il y avait quelque chose qui était plus important que tout cela. Une chose pour laquelle il a été prêt à expériment
er le manque, la soif, la faim, la fatigue. Une chose pour laquelle il a été prêt à vivre une vie errante, sans domicile fixe, pour laquelle en définitive il a été prêt à souffrir et à mourir. S’il a fait cela, c’est parce que cette chose avait plus de valeur que la sécurité et le confort. Il a été prêt à renoncer à profiter de ses privilèges divins pour notre salut, pour offrir aux êtres humains la possibilité d’être réconciliés avec Dieu et de recevoir son pardon. Rien n’était plus important que cela.
Et c’est à sa suite, pour annoncer cette Bonne Nouvelle par nos paroles et notre manière de vivre, que Jésus nous demande d’être prêts à renoncer à la sécurité et au confort.
Ne me comprenez pas mal. Ce n’est pas que l’insécurité et l’inconfort aient une valeur en soi, mais c’est qu’il existe quelque chose de plus important que la sécurité et le confort. Annoncer et vivre la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Être et faire des disciples.
Par exemple, ça n’aurait aucun sens pour Jean-René et moi de résilier notre bail demain matin et de partir vivre sous le pont du Mont-Blanc. Ça ne ferait pas avancer la mission que Dieu nous a confiée. Et même, ça reviendrait en quelque sorte à mépriser la bonté et la grâce de Dieu envers nous, bonté qu’il nous a manifesté en nous accordant cet appartement.
L’idée ce n’est pas de renoncer pour renoncer, mais c’est d’être prêt à renoncer à quelque chose pour servir Jésus-Christ et notre prochain. La sécurité et le confort personnel ne sont pas des absolus. Ce n’est pas eux qui devraient déterminer la vie d’un disciple.

Pour ne citer qu’un exemple de cela, je voudrais vous parler d’un genevois qui a vécu il y a 200, un certain Félix Neff. Il se convertit pendant le réveil de Genève alors qu’il est sergent dans la gendarmerie de la ville. Après cela, il dédiera toute une partie de sa vie à la région des Hautes-Alpes françaises et à sa population. Une région dont il était dit qu’elle connaissait 9 mois d’hiver et 3 mois d’enfer et dont la population était particulièrement pauvre. Félix Neff y annonce la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, mais fait aussi tout son possible pour améliorer les conditions de vie des gens. Il prêche, institue des réunions d’édification mutuelle (des groupes de maison, en gros), distribue des Bibles, mais il fonde aussi des écoles, et aide la population à améliorer la culture de la pomme de terre pour que les gens aient assez à manger. Il devient même le fondateur de la première école normale de France afin de pouvoir former des instituteurs pour ces différents villages. Dieu l’utilise pour déclencher un réveil local et redonner une dignité à cette population. Mais tout cela a aussi eu un couû pour Félix Neff. Il n’avait pas de moyens financiers particuliers et la vie dans les Hautes-Alpes française n’était pas évidente. Il a mené une existence semi-nomade, allant à pied de village en village parfois sur des sentiers recouvert de neige. Il se contentait d’une simple paillasse pour dormir et de repas froids pour s’alimenter. Il a vécu une vie simple, souvent dépourvue de confort et de sécurité pour annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ et pour servir la population des Hautes-Alpes.1 Voilà quelqu’un qui a renoncé au confort et à la sécurité pour annoncer et vivre l’évangile.

Nous ne serons pas tous des Félix Neff, bien sûr. Et en même temps, Jésus nous appelle nous aussi à être prêt à renoncer au confort et à la sécurité pour annoncer l’évangile et servir notre prochain. Il ne nous demande pas nécessairement de quitter Genève pour aller dans une région défavorisée du monde, quoiqu’il y ait des personnes qui sont appelées à cela et ça vaut toujours la peine de se poser la question. Mais nous pourrions aussi commencer par simplement ouvrir notre porte à celui qui est seul, tendre une main à celui que notre société méprise, et accepter l’inconfort de témoigner de Jésus-Christ et les regards de travers que cela peut nous attirer parfois.

    1. Être disciple demande de redéfinir ses allégeances premières

Revenons à notre texte et aux candidats disciples numéro deux et numéro trois, qui se ressemblent beaucoup. Les deux sont partagés. Ils veulent bien suivre Jésus, mais pas tout de suite. Le premier répond à l’appel de Jésus en disant : « Maître, permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. » Le deuxième se porte volontaire et ajoute immédiatement : « mais permets-moi d’aller d’abord dire adieu à ma famille. » Deux demandes qui n’ont rien d’extravagant, même elles semblent tout à fait naturelles et compréhensibles. Ça faisait partie des choses qui étaient attendues d’un fils à l’époque. Partir sans faire ces choses n’était pas un comportement socialement acceptable.

Instinctivement, on s’attendrait à ce que Jésus réponde : « Pas de problème, je comprends tout à fait, d’ailleurs toutes mes condoléances pour ton père », ou « prend bien congé de ta famille. »
Mais il refuse les deux demandes. Pourquoi ? Ce n’est certainement pas que ces personnes proposent de faire quelque chose qui est mal en soi. Mais les deux demandes ont pour effet de différer le moment où ces gens partent à la suite de Jésus. Et c’est là que réside le problème. Enterrer son père, prendre congé de sa famille ne sont pas des mauvaises choses à faire, mais il y a plus urgent, plus important.
Dans notre texte, Jésus est en chemin. Il va de village en village. Cela signifie que, si ces gens ne partent pas avec lui maintenant, demain ce sera trop tard. Jésus sera parti. Ça crée une forme d’urgence. Entre guillemets : c’est maintenant ou jamais. Il n’y a pas vraiment de plus tard.
Il faut aussi comprendre que ces deux personnes ne demandent pas un simple délai de 5 minutes. Le premier demande à enterrer son père, mais est-il mort ou mourant ? Ce n’est pas sûr. Même, dans la tradition juive de l’époque, on enterrait les personnes pendant une année dans un caveau familial puis on déplaçait leurs os dans une tombe plus permanente. Et c’est ce rite qui marquait la fin de la période de deuil. Il est tout à fait possible que notre candidat disciple numéro 2 demande un délai d’une douzaine de mois. Juste que douze mois après cette rencontre, Jésus sera déjà mort, ressuscité et monté au ciel.
L’autre demande de pouvoir aller faire ses adieux à sa famille. Probablement qu’il ne s’agit pas juste de dire au-revoir et de revenir 5 minutes plus tard non plus. C’est possible que cela implique aussi d’organiser le business familial pour qu’il tourne en son absence.
Peu importe la situation précise, ces deux demandes révèlent l’allégeance première, les priorités, de nos deux candidat-disciples. D’abord leurs familles, puis Jésus. Leurs obligations familiales priment sur le Royaume de Dieu.
Jésus leur réplique à tous deux que devenir son disciple implique nécessairement de faire de lui et du Royaume de Dieu sa première priorité. Il leur dit que devenir son disciple demande de changer d’allégeance première. C’est d’abord Jésus puis tout le reste.
Au premier il dira : « Laisse les morts enterrer leurs morts ; et toi, va annoncer le Royaume de Dieu. » Va partager cette bonne nouvelle incroyable : Dieu est sur le point d’agir pour sauver, le moment tant attendu est arrivé. C’est ça la chose la plus importante. La chose à faire maintenant.
Et au deuxième Jésus expliquera qu’il n’est pas possible d’être son disciple sans lui donner la première place, parce qu’on fini toujours par aller là où l’on regarde. On ne peut pas labourer un champ en regardant en arrière. C’est un peu comme quand on fait du vélo, je suppose. Si je pédale en regardant derrière moi, je ne vais pas rester sur la route longtemps et ma course à toutes les chances de se terminer en collision avec le prochain lampadaire. Pour devenir un disciple de Jésus c’est un peu la même chose. On ne peut pas le suivre toute en regardant ailleurs, parce qu’en définitive on finit toujours par aller là où l’on regarde. Être disciple demande d’être prêt à redéfinir son allégeance première et de donner la première place à Jésus.

Comme pour le premier candidat disciple, l’auteur ne nous dit pas quelle décision nos deux hommes ont prise. Sont-ils rentrés vers leurs familles ? Sont-ils partis avec Jésus ? Nous ne le saurons jamais. Parce qu’à nouveau c’est notre réponse, pas la leur, qui importe. Qu’aurions-nous fait à leur place ? Y a-t-il des choses que nous ne serions pas prêts à lâcher pour Jésus ?
À nouveau, il ne s’agit pas de renoncer à des liens familiaux pour renoncer à des liens familiaux. En soi, la famille à de la valeur aux yeux de Jésus. C’est une question de priorité. Qu’est-ce qui est le plus important ? Jésus explicitera cela en Luc 14.26 quand il dit:
« Celui qui vient à moi doit me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs, et même à sa propre personne. Sinon, il ne peut pas être mon disciple. »
Ce que Jésus demande d’un disciple, c’est un cœur sans partage pour lui. Sinon, la vie de disciple n’est en définitive pas possible. Jésus savait très bien que la route devant lui était difficile et que ceux qui l’accompagnaient sans lui avoir donné la première place l’abandonneraient sans revenir.
C’est quelque chose que nous avons probablement de la peine à saisir en tant que chrétiens occidentaux du 21
e siècle. Ce n’est pas particulièrement risqué d’être chrétien à Genève en mai 2019. En soi, c’est une bénédiction, mais ça signifie aussi que nous ne nous retrouvons que très rarement dans une situation où nous devons choisir entre Jésus et quelqu’un ou quelque chose d’autre qui est important pour nous. Des chrétiens persécutés auraient sûrement beaucoup à nous apprendre à ce sujet. Nous pouvons penser à certaines personnes de notre communauté qui ont dû fuir leur pays à cause de leur foi et qui ont dû laisser des membres de leurs familles derrières elles. C’est certainement très difficile pour elles. Avoir dû quitter sa famille à cause de Jésus ne signifie absolument pas qu’on l’aime moins qu’avant. Mais elles ont décidées de suivre Jésus et de lui être fidèle. En cela, elles peuvent être des modèles pour nous.

Et nous aussi, à notre niveau, nous pouvons nous demander s’il y a des choses que nous ne serions pas prêts à lâcher ou ce qui nous serait difficile à laisser pour suivre Jésus. Qu’est-ce qui est le plus important pour nous ? À Genève en mai 2019, nous serons rarement forcés à choisir entre Jésus et nos relations familiales je pense, mais il peut y avoir d’autres choses. Jésus parle aussi d’être prêt à renoncer à soi-même. De le préférer à sa propre personne. Il nous invite à dire : D’abord Jésus, puis moi. Et ça, ça tranche passablement avec notre société actuelle imprégnée d’individualisme, qui élève souvent l’épanouissement personnel au rang d’absolu. Ce qu’il faut faire avant tout c’est : savoir qui on aimerait être et mettre tout en œuvre pour devenir cette personne. Alors, certes, Jésus ne nous invite pas à une vie triste et morne, bien au contraire, il n’y a pas de plus grande joie que celle de connaître Dieu. Et il y a de la place pour l’expression des dons et de la personnalité qu’il nous a donnés. Mais, Jésus nous appelle à une vie qui est déterminée par lui et non pas par nous, une vie où il est plus important que moi. Et ça, ça devrait nous faire réfléchir à nos priorités, à là où nous investissons notre temps et nos ressources. Sommes-nous prêts à investir du temps pour servir Dieu et notre prochain même quand ça devait être au détriment de notre petit temps confortable chez nous ou de certains loisirs ? (Sans pour autant dire qu’il n’y a plus de place pour le repos.)

Mais, si nous avons fait de notre sécurité et notre confort ou notre famille voire de notre propre personne notre priorité absolue, alors ce texte vient nous interpeller. Il vient nous rappeler que cette place revient à Jésus-Christ, qu’un disciple doit être prêt à renoncer à son confort et à sa sécurité pour suivre Jésus, qu’un disciple doit être prêt à redéfinir son allégeance première pour donner la première place à Jésus.

Conclusion : D’où tirer le courage de vivre ainsi ?

Tout cela est exigeant et interpellant, pour moi la première. Mais alors d’où tirer le courage et la force de vivre ainsi ?
Ce n’est pas en regardant à nous-mêmes, en nous culpabilisant que nous arriverons à quelque chose sur le long terme, mais c’est en regardant à Jésus et à ce qu’il a fait pour nous. Aucun de nos efforts ne saurait nous procurer notre salut ou notre acceptabilité devant Dieu, tout cela c’est Jésus-Christ qui l’a acquis pour nous.
Ce n’est qu’
en contemplant et saisissant de plus en plus la grandeur de son amour pour nous que le nôtre pour lui grandira et que nous deviendrons capables de renoncer à la sécurité et au confort terrestre pour lui. Ce n’est qu’en sachant qu’il nous aime inconditionnellement et plus que qui que ce soit, que nous pourrons lui laisser la première place dans nos vies. Ce n’est qu’en sachant qu’il veut le meilleur pour nous que nous pourrons arrêter de courir après notre épanouissement personnel pour partir à sa suite. Ce n’est qu’en étant saisis par son amour et sa grâce que nous souhaiterons la partager pour que d’autre viennent à lui. Ce n’est qu’en nous appuyant sur l’amour et la grâce de Jésus-Christ envers nous que nous pourrons progresser dans notre vie de disciple. Et sachons que si nous tombons, il nous relèvera ; que si nous nous repentons, il nous pardonnera ; si nous venons à lui, il ne nous mettra pas dehors. Et sachons aussi qu’il nous accompagne et nous aide sur ce chemin. Nous ne sommes pas livrés à nous-mêmes.

Rien n’a plus de valeur que de connaître et de servir Jésus Christ, rien n’a plus d’importance, rien ne comporte autant de promesses et ne perdurera pour toute l’éternité. Alors osons suivre celui qui nous a aimé et qui a donné sa propre vie pour nous, osons le suivre, pas que quand c’est facile, mais aussi quand ça nous coûte, quand ça nous demande de renoncer à un confort et à une sécurité, osons le suivre quand ça nous demande de réévaluer nos priorités, parce qu’en définitive ça en vaut absolument la peine.

1 Sergy, F., « Félix Neff (1797-1829) : l’évangéliste bouillonnant ! », dans Desarzens G., Blandenier J., Sergy, F., Carrel, S., Figures Évangéliques de Résistance, Dossier Vivre n°35, Je Sème, Saint-Prex, 2013.